Un Far West en rouge et noir
Un vent western souffle sur le neuvième art. On ne compte plus les BD qui filent, pour notre plaisir, les allégories de la geste pionnière. Red Gun. Tome 1 : La Voie du sang de Jean-Charles Gaudin (scénario) et Giulia Francesca Massaglia (dessin) chez Soleil. Parution : mars 2024.
1866, the Civil war is over. Enfin ! 615 000 Américains ont payé de leur vie une histoire de gros sous. La question de l’esclavage ne fut qu’un prétexte. D’ailleurs, il faudra encore plus d’un bon siècle pour que les Noirs (certains d’entre eux) voient leur condition réellement améliorée.
En attendant, et une fois le conflit fratricide terminé, les conquérants du Nouveau Monde peuvent reprendre le génocide des Natives (guerres indiennes) et poursuivre la construction du chemin de fer transatlantique.
L’homme au colt rouge
Sur le chantier, les hommes suent et souffrent pour une poignée de dollars. Heureusement, des filles, plus ou moins vénales, les aident à supporter une aussi rude besogne. Et voilà qu’une d’elles est retrouvée morte après avoir été massacrée par un monstre. On appelle un chasseur de prime, Terence Nichols, qui trimbale des fantômes dans une mémoire aux relents de souffre. On ne sort pas d’une boucherie sans être imprégné de l’odeur amère de la barbarie. Signe particulier : il porte un colt rouge.
Bon on ne va pas se mentir, l’ambiance est noire, poisseuse, glauque. Pas un pied-tendre ne se promène sur ces planches hantées par le tragique. Très vite (trop vite ?), le héros débusque la gueule cassée qui collectionne les féminicides.
Noir c’est noir. Il n’y a plus d’espoir. Mais une histoire bien dessinée par une féminité sobre et âpre. On nous dit que c’est le premier tome (récit complet) d’une série qui prend pour toile de fond l’installation des « rails sur la prairie ». D’ici la jonction de Promontory Point (Utah), gageons que nous lirons de nouvelles pages de la légende de Red Gun…
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